Gecko préserve des disques laque de la VRT à l'aide du système optique Saphir

Même lorsque certains supports enregistrés semblent définitivement perdus, il est parfois encore possible d’agir ! C’est pourquoi un projet inédit de préservation de disques laque a été conjointement lancé début 2021 par l’INA (Institut National de l’Audiovisuel français), meemoo (Institut flamand pour les archives), la VRT (radio et télévision Belge flamande) et Gecko. Aujourd’hui, 51 des 52 faces ont pu être sauvées des affres du temps.

Adrien Bailly (Gecko) et Jean-Hugues Chenot (INA).

Le projet

Intitulé SIRDUKE (Saphir Innovatively Rescues VRT Discs Using Knowledge and Equipment), ce projet fait suite à la campagne de numérisation des disques de la VRT qui s’est déroulée à Bruxelles entre 2017 et 2020, et pour laquelle Gecko a mis à disposition ses moyens techniques et son savoir-faire reconnu depuis plus de 15 ans dans la numérisation de disques laque très dégradés. La VRT disposait encore d’autres disques laque dont l’état critique ne leur laissait guère l’espoir d’être relus, sans une technologie à la hauteur de ce défi.

Le scan d’un disque par Saphir.

Qu’est-ce que Saphir ?

Saphir est un système de lecture de disques développé depuis 2004 par Jean-Hugues Chenot et Jean-Étienne Noiré à l’INA. Composé d’une partie matérielle (la platine scanner), et d’une autre, logicielle, il permet de lire sans contact les disques audio analogiques les plus fragiles. Après le développement de nombreux prototypes et améliorations, le système a aujourd’hui atteint la maturité suffisante pour dépasser les phases d’essais et envisager une production quotidienne dans le cadre de projets complexes.

Le principe de Saphir s’appuie sur le fait que les flancs des sillons d’un disque gravé latéralement se comportent comme un miroir. Le procédé utilise une projection d’un faisceau lumineux sur une petite zone de la surface du disque. En conséquence, les flancs du sillon apparaissent colorés à l’image. La couleur renvoyée est fonction de l’orientation du flanc du sillon, et va donc varier en suivant le signal audio.

Ce disque décoloré avec perte de laque a pu être sauvé.

La numérisation d’un disque se déroule en trois phases :

Le scan – Un disque de protection en verre est posé sur le disque laque. Le plateau tourne lentement durant la capture et les variations de couleur du rayon réfléchi dans le sillon sont photographiées par une camera fixe.

Le décodage – Le logiciel va générer une multitude de fragments audio d’après ces photos. Les nombreux paramètres à régler lors de cette étape vont permettre au logiciel de suivre correctement le sillon et d’obtenir le meilleur rapport signal/bruit, et le moins de distorsion possibles.

La reconstruction – Les fragments audio sont placés dans le bon ordre et le logiciel suggère un chemin de sillon complet sur la totalité de la face du disque. L’opérateur contrôle les paramètres du logiciel et donne des indications sur le chemin à parcourir à l’aide de contraintes graphiques.

L’interface du logiciel Saphir Play durant la phase de reconstruction.

Pourquoi utiliser un procédé de lecture optique ?

La lecture optique offre de vrais avantages lorsque les disques sont dans un état très dégradé. Seul le système de lecture optique Saphir permet d’extraire les informations des disques les plus difficiles, malgré l’utilisation de techniques avancées de lecture traditionnelle à la pointe mises en place à Gecko.

Le succès du projet

Grâce à une formation technique complète, Saphir est aujourd’hui exploitable par d’autres personnes que l’équipe d’ingénieurs ayant conçu le système. L’expérience et l’expertise de Gecko a permis un retour d’expérience positif auprès de Jean-Hugues Chenot, grâce au travail d’Adrien Bailly, ingénieur du son Gecko.

Gecko a finalement réussi à traiter la quasi-totalité des faces de disques, avec des résultats variables en fonction de l’état des disques. Une lecture traditionnelle reste toutefois préférée dans la majorité des cas, à la fois pour des raisons de coût et de qualité audio. Pour les cas les plus difficiles, comme ceux du projet SIRDUKE, Saphir est une solution qui a permis de sauver des enregistrements qui auraient été perdus pour toujours.

Le projet SIRDUKE a été un succès grâce à l’INA Saphir, projet que Gecko suit depuis sa création. En tant que spécialistes dans la numérisation des disques laque, et maintenant que Saphir arrive à maturité, il s’est révélé être le maillon manquant dans notre chaîne de production. Nous remercions meemoo, la VRT et l’INA d’avoir rendu ce projet possible, et tout particulièrement Jean-Hugues Chenot pour son aide inestimable.
— Jean-Baptiste MEUNIER, PDG Gecko
 
Précédent
Précédent

La SONUMA attribue à Gecko le marché de disques acétate à gravure directe

Suivant
Suivant

Interviews de l’équipe RTS en charge du projet de numérisation des disques 78 tours (VOFR)